Depuis le 3 février, David Weytsman a pris la présidence du CPAS de Bruxelles, le plus grand du pays. Avec une approche résolument libérale, il entend recentrer l’institution sur sa mission première : l’aide individuelle et l’émancipation sociale. Entretien.
Pourquoi avoir choisi la présidence du CPAS ?
Nous avons fait campagne sur des thèmes essentiels : sécurité, propreté, emploi, émancipation sociale. Après notre score historique, il fallait que ces priorités soient au cœur de la législature. La sécurité relevant du bourgmestre, j’ai voulu reprendre en main l’emploi, la santé, les maisons de repos, le logement, l’insertion, l’aide aux familles et aux sans-abris. Autant de domaines où l’assistanat doit céder la place au mérite, à l’effort et à l’émancipation. Le CPAS doit redevenir un tremplin vers l’indépendance, pas un guichet de redistribution.
En tant que chef de file des libéraux à la Ville, cette présidence me permet aussi d’avoir une vision transversale des politiques publiques à Bruxelles. David Leisterh et Georges-Louis Bouchez veulent que nous soyons efficaces sur tous les fronts. C’est exactement ce que nous mettons en place.
L’accord de majorité insiste sur l’accompagnement vers l’emploi. Le CPAS ne le fait pas assez aujourd’hui ?
Les 3 000 employés du CPAS font un travail remarquable, mais il faut recentrer l’institution sur son rôle fondamental : aider les bénéficiaires à retrouver leur autonomie. Les CPAS ne peuvent plus être de simples filets sociaux, ils doivent devenir des tremplins vers l’emploi et l’indépendance.
Il y a dix ans, le CPAS de Bruxelles aidait encore 1 000 personnes par an à retrouver un emploi. Ce chiffre a chuté de moitié. Nous devons relancer la dynamique et ouvrir davantage vers le secteur privé, où il y a une demande énorme. Certains restaurants ferment faute de personnel. Nous devons mettre en relation ceux qui cherchent un emploi avec les entreprises qui en ont besoin.
“Se concentrer sur l’essentiel”, cela veut-il dire abandonner certaines activités ?
Évidemment. Un CPAS doit se focaliser sur l’aide sociale individuelle et l’insertion par le travail. Trop souvent, on a voulu faire du CPAS une administration tentaculaire, intervenant dans des domaines qui ne sont pas de sa compétence. Nous allons faire le tri avec les directions générales pour recentrer nos actions et supprimer ce qui n’a pas lieu d’être.
Par ailleurs, la situation budgétaire est préoccupante. Je veux un CPAS géré avec rigueur, en bon père de famille. Ce qui s’est passé à Anderlecht est un scandale absolu. Je renforcerai les contrôles internes pour éviter toute dérive.
Enfin, il existe des doublons entre le CPAS et Brucity (l’administration communale). Ces chevauchements coûtent cher et alourdissent la gestion. Nous allons y mettre de l’ordre.
Vous voulez aussi conditionner davantage les allocations sociales. Pourquoi ?
L’aide sociale doit être un levier vers l’émancipation, pas une rente indéfinie.
Les allocations doivent être réservées à ceux qui en ont réellement besoin. Mais elles doivent aussi s’accompagner d’un effort. Je veux qu’un bénéficiaire du CPAS qui ne parle aucune de nos langues soit obligé d’apprendre le français ou le néerlandais. Suivre une formation, se préparer à un métier, participer à un projet d’insertion : tout cela doit devenir la norme.
L’accord de l’Arizona va dans cette direction, et nous allons l’appliquer avec ambition. L’aide sociale doit être un tremplin, pas une fatalité.