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Arizona : David Weytsman, Président du plus grand CPAS de la ville du pays (Bruxelles) nous parle de la réforme du chômage. « Il ne faut pas seulement accompagner la précarité, il faut la réduire ».

Certaines mesures de l’Arizona auront un impact concret sur les communes et les CPAS. C’est le cas de la limitation du chômage à deux ans. Comment analysez-vous la situation ?

Tout d’abord, il faut bien rappeler pourquoi on fait une telle réforme. Nous avons près de 200.000 emplois vacants en Belgique pour 274.000 chômeurs dont 128.000 de plus de deux ans. Il est normal que nous mettions en place des réformes. Notre pays est un des plus généreux au monde en termes de chômage. Assurer un filet de sécurité, c’est important, mais il faut aussi que ceux qui sont en âge et en capacité de travailler soient à nouveau actifs.

Je voudrais aussi rappeler que « travailler », ce n’est pas un gros mot. On a parfois l’impression quand on entend l’opposition (PS-PTB) que demander aux gens de trouver du travail est une insulte. Travailler permet de s’épanouir, de créer du lien, d’avoir une autonomie financière. Travailler donne du sens à sa vie. Enfin, n’oublions pas que, grâce au travail et à l’impôt, on finance les systèmes de protection sociale.

Quel sera l’impact pour le CPAS de la ville de Bruxelles ?

Aujourd’hui, une étude est en cours, à ma demande, pour évaluer de manière sérieuse l’impact financier pour le CPAS. On lit beaucoup de choses dans la presse, comme des pseudos analyses de la FGTB qui parlent de « bain social », en omettant de préciser que leurs études se basent sur une hypothèse « zéro remise à l’emploi ». Ce n’est pas sérieux. Ce sont des fake-news. La FGTB fait du Trump.

Si on analyse les réformes du chômage du gouvernement Di Rupo et plus tard du gouvernement Michel, on peut estimer que 27% des chômeurs longue durée sont susceptibles de demander de l’aide aux CPAS.

Est-ce que vous estimez que cette réforme est une opportunité pour les CPAS ?

Une réforme du système d’accompagnement était indispensable. Le MR a eu le courage de la porter au niveau fédéral, et il est de notre responsabilité d’en assurer la mise en œuvre avec rigueur et efficacité. Il est certain que cette réforme aura un impact sur les CPAS de notre pays, mais le soutien fédéral devra permettre d’y faire face.

L’enjeu aujourd’hui est de transformer cette réforme en une opportunité concrète pour renforcer l’accompagnement des bénéficiaires vers l’emploi. Mon approche est pragmatique, méthodique et orientée vers les résultats. La question essentielle est : comment pouvons-nous améliorer, au sein des CPAS, l’accompagnement des bénéficiaires afin de maximiser leurs chances d’accéder durablement à un emploi ?

Plusieurs leviers existent et doivent être exploités pleinement :

  1.          Améliorer le PIIS (Projet Individualisé d’Intégration Sociale) par la co-construction avec le bénéficiaire pour lui donner une véritable perspective professionnelle.
  2.          Développer des partenariats stratégiques avec le secteur privé, afin de mieux adapter l’offre d’insertion aux besoins des entreprises.
  3.          Renforcer l’accès à la formation et à l’acquisition de compétences, notamment en facilitant l’adéquation entre les profils des bénéficiaires et les attentes du marché.
  4.          Orienter davantage les formations vers les métiers en pénurie, où des perspectives d’emploi sont réelles et immédiates.
  5.          Optimiser la coordination avec les acteurs de l’emploi (missions locales, maisons de l’emploi, Actiris) en structurant davantage le réseau des plateformes de l’emploi.
  6.          Développer des outils numériques pour alléger les procédures administratives et encore mieux communiquer avec les plus jeunes.
  7. Encourager les initiatives d’économie sociale et solidaire, qui offrent des passerelles vers le marché du travail pour les publics éloignés de l’emploi.

Cette réforme doit être l’occasion d’accélérer la transition vers un accompagnement plus proactif et efficace. Les politiques ont une responsabilité collective : celle d’innover, d’expérimenter et de mettre en place des solutions qui permettront aux bénéficiaires de retrouver une autonomie durable.

Notre objectif est clair : être à la fois créatifs et efficaces pour que le CPAS devienne un acteur central de l’émancipation sociale et professionnelle.