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Certains opposants politiques, relayés par les médias, soutiennent que le MR aurait changé d’avis par rapport aux accords de libre-échange – il y a quelques années il était en faveur du CETA (accord entre l’Union européenne et le Canada), alors qu’aujourd’hui il s’oppose à l’accord de l’Union européenne avec le Mercosur, en l’état.

Le MR n’a pas changé d’avis, nous restons en faveur du CETA et nous nous opposons au Mercosur en l’état.

Explication

En tant que libéraux, nous sommes en faveur du libre-échange mais à condition que celui-ci soit favorable à nos intérêts stratégiques, qu’ils soient de nature environnementale, sociale ou économique.
Être en faveur ou contre le libre-échange en général ça n’a aucun sens. Chaque accord de libre-échange est différent dans sa structure, ses enjeux et ses impacts. CETA et UE-Mercosur sont deux accords totalement différents, aux conséquences très distinctes.

Le Canada est un pays avec un niveau de développement égal voire supérieur à celui de l’Union européenne, doté d’un système de protection sociale similaire, de standards de production et de protection de l’environnement élevés, ainsi que d’un système de traçabilité et de contrôle fiable. Toutes les études d’impact réalisées avant la signature du CETA montraient que l’accord allait surtout profiter à l’Union européenne, y compris à son agriculture. 6 ans après l’entrée en vigueur de manière provisoire du CETA, les chiffres nous montrent que nous avions raison de soutenir cet accord. En effet, le nombre d’emplois soutenus par les exportations européennes vers le Canada a augmenté de 11% ; le nombre de PME exportant vers ce pays a augmenté de 54%.

Au total, sur les cinq dernières années, le commerce de l’Union européenne avec le Canada a augmenté de 31% et les exportations belges vers le Canada, de 1,6 milliard d’euros. La Belgique a particulièrement profité de l’accord car si les exportations européennes vers le Canada ont augmenté d’un quart entre 2017 et 2021, les exportations belges ont augmenté de 62% ! « Les craintes d’une invasion de produits agricoles canadiens, en particulier de viande bovine, se sont révélées infondées, comme nous l’avions prévu. Nous n’avons pas subi de concurrence déloyale de la part du Canada parce que les mesures miroirs, comme celle qui interdit l’importation de viande de bœuf aux hormones, ont fonctionnés, grâce à un système de traçabilité et de contrôle fiable et parce que leurs produits ne sont pas moins chers que les nôtres. » a rappelé Benoît Cassart, député européen MR et agriculteur lui-même, qui a toujours défendu le CETA même quand les syndicats agricoles s’y opposaient de manière vocale.

En revanche, l’accord UE-Mercosur serait signé avec 5 pays : Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay et Bolivie. Des pays très différents entre eux, avec des niveaux de développement également très différents, des standards sociaux et environnementaux beaucoup plus bas par rapport à ceux exigés au sein de l’Union européenne et dont deux des pays membres du Mercosur sont deux superpuissances agricoles (le Brésil et l’Argentine). On peut ainsi craindre le pire quand on apprend que le Président argentin, Javier Milei, a sommé sa délégation de se retirer de la COP 29 suite à un échange téléphonique avec Donald Trump. On est en droit de s’interroger sur la position qu’il adoptera à l’avenir lorsqu’il fait des déclarations contre l’Accord de Paris sur le climat, qu’il critique vivement le positionnement idéologique des Nations-unies, qu’il rejette le Pacte pour l’Avenir et qu’il se retire de l’Agenda 2030.

La balance commerciale agricole de l’UE avec le Mercosur est d’ores et déjà négative de 15 milliards. Il est légitime de penser que l’accord aggravera la situation, étant donné que les coûts de production sont beaucoup plus bas et les produits du Mercosur sont ultra compétitifs par rapport aux produits européens. Le risque d’une concurrence déloyale pour nos agriculteurs est certain. Les craintes pour des impacts négatifs sur l’environnement, notamment liés à la déforestation, sont nombreuses et scientifiquement justifiées.

Les doutes sur la capacité de garantir la sécurité alimentaire pour nos consommateurs sont justifiés face à un système de traçabilité et de contrôles défaillants comme en témoigne les conclusions d’un audit réalisé par la Commission européenne sur le bœuf brésilien. En octobre dernier, l’audit a en effet révélé que le Brésil était incapable de certifier de manière fiable l’absence d’hormone de croissance dans la viande de bœuf destinée à l’exportation vers l’Union européenne alors même que celle-ci interdit l’utilisation de ce type d’hormones depuis 1981 à la fois pour la viande produite en Europe mais aussi pour la viande importée de pays tiers. Enfin, l’articulation entre l’accord de Paris sur le climat et l’accord UE-Mercosur reste incertain.

« Les accords de libre-échange doivent nous servir à exporter notre modèle social et environnemental et non pas à le détruire. Nous pensons que beaucoup de points restent ouverts dans la négociation du Mercosur pour faire de ce dernier un bon accord pour nos intérêts. Voilà pourquoi nous pensons qu’il ne faille pas signer l’accord en l’état. » a conclu Benoît Cassart, député européen MR.