Il a essayé en tant que parlementaire, il le fait maintenant en tant que ministre : Mathieu Bihet annule la loi sur la sortie du nucléaire. Mais qui est cet homme venu de Liège ?
Un tournant pour le nucléaire en Belgique
La commission Énergie de la Chambre a approuvé mardi le projet de loi qui démantèle progressivement la loi de sortie du nucléaire. Ce projet, Bihet l’avait déjà préparé en tant que parlementaire. Désormais, on parle de la “loi Bihet”.
Alors que Georges-Louis Bouchez (MR), en tant que président du parti, a longtemps mené une campagne médiatique en faveur du nucléaire, c’est Bihet qui a porté le dossier avec sérieux et expertise au Parlement. Il y a gagné une réputation transpartisane, étant décrit comme “sympathique” et toujours souriant. Même l’opposition lui a trouvé un surnom : “Atomic Boy”, un titre qu’il revendique fièrement.
Contrairement à Bouchez, qui s’est montré très critique envers l’ancienne ministre de l’Énergie Tinne Van Der Straeten (Groen), Bihet s’est concentré sur le contenu. Bert Wollants, spécialiste énergie de la N-VA, le reconnaît : “Il cherche à bien comprendre les dossiers et est toujours bien préparé.”
Un réseau et une méthode
Mathieu Bihet a su se constituer un solide réseau d’experts et d’acteurs de l’énergie, avec qui il échange régulièrement. Son mentor politique Daniel Bacquelaine, bourgmestre de Chaudfontaine, le décrit comme “quelqu’un de sociable, qui s’intègre rapidement et qui sait mobiliser des experts pour avancer sur ses dossiers”.
Parmi ses contacts réguliers : son prédécesseur Marie-Christine Marghem (MR), qui n’a cessé de le pousser à adapter la loi. “Elle m’appelait tout le temps pour me mettre la pression ! Même après ma nomination, elle continuait à demander des mises à jour.”
Du militantisme local à ministre de l’Énergie
Contrairement à certains de ses collègues, Mathieu Bihet ne vient pas d’une famille politique. Son père avait bien participé à une campagne pour Jean Gol, mais sans jamais exercer de mandat. Bihet a découvert la politique lors d’un débat scolaire en rhéto et s’est engagé localement au MR, avant de siéger au conseil communal de Neupré à seulement 20 ans, tout en poursuivant des études de droit.
Il est entré plusieurs fois au Parlement en tant que suppléant, notamment en remplaçant Pierre-Yves Jeholet lorsque ce dernier est devenu ministre wallon. Il est aujourd’hui candidat pour lui succéder à la présidence du MR de la province de Liège.
Un pari politique de Bouchez
La nomination de Bihet s’inscrit aussi dans la stratégie de Georges-Louis Bouchez : lancer de nouveaux visages via des postes ministériels. C’est ainsi que Hadja Lahbib a été propulsée ministre des Affaires étrangères, et qu’Adrien Dolimont est devenu ministre-président wallon à seulement 36 ans.
Cette méthode permet à Bouchez d’apporter du sang neuf au MR, tout en créant une dynamique de fidélité parmi ses ministres. Bihet doit en grande partie son poste à cette stratégie.
Et après ?
Le jeune ministre de l’Énergie devra encore gérer plusieurs dossiers sensibles, notamment le projet d’île énergétique en mer du Nord. Mais avec la suppression de la loi de sortie du nucléaire, il vient déjà d’imprimer sa marque sur la politique énergétique belge.
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