La nouvelle Commission européenne entre officiellement en fonction ce lundi. Parmi les commissaires, l’actuelle ministre belge des Affaires étrangères Hadja Lahbib. Elle s’exprime pour la première fois sur sa nouvelle fonction au micro de Bel RTL.
Jusqu’à lundi, Hadja Lahbib est toujours ministre des Affaires étrangères. Elle a encore participé cette semaine à une mission économique au Brésil et à une conférence visant à dégager des pistes de solution pour résoudre le conflit israélo-palestinien. Lundi, elle quittera ses fonctions ministérielles. La personnalité libérale qui la remplacera jusqu’à la formation du gouvernement fédéral n’a pas encore été désignée.
Au micro de Martin Buxant, Hadja Lahbib est notamment revenue sur le vote serré en faveur de la nouvelle Commission au Parlement européen. « Je pense qu’il y a de la fragmentation des opinions politiques, c’est le reflet de nos sociétés. On le voit en Belgique et en France. On assiste à une polarisation généralisée ». Les trois élus MR se sont abstenus lors du vote. « Ça prouve la vivacité du débat démocratique. Ils m’ont soutenu pleinement et m’ont félicité après mon audition. Mais ils ont aussi voulu envoyer un message clair pour dire non à des négociations avec l’extrême-droite ».
Hadja Lahbib est-elle mal à l’aise qu’un des vice-présidents de la Commission soit un élu d’extrême-droite ? « Il revient aux Etats de désigner leur représentant. C’est ici le choix de l’Etat italien. Je trouve très bien que Renew (libéraux européens), par le vote des élus MR, envoie un message à ce sujet. Je constate par ailleurs que Renew est le groupe qui a voté le plus largement en faveur de la Commission ».
Certains observateurs estiment que les compétences d’Hadja Lahbib (gestion des crises et égalité) sont un peu légères. Elle répond. « L’égalité des genres, l’inclusion des personnes handicapées, la protection des droits des personnes LGBTQI+ ou des roms, le soutien aux personnes dépendant de l’aide humanitaire, la préparation et la prévention des pandémies, des guerres, des attaques terroriste, ça ne me semble pas particulièrement léger. Je ne vois d’ailleurs pas ce qu’il y a de plus important. L’Union Européenne porte certes des enjeux liés à la compétitivité et l’industrie mais si une pandémie arrive, tout cela sera suspendu. Mon rôle est de préparer l’Union à ces situations ».
Elle prend l’exemple des inondations catastrophique en Espagne. « C’est le Centre de crise européen qui détecte les signaux annonciateurs. C’est aussi l’Union qui envoie des images satellitaires montrant l’étendue des dégâts. Mon rôle sera également d’enclencher le mécanisme européen de protection civile pour gérer la situation sur place. Je coordonnerai tout cela. Ces situations, comme les pandémies, ne s’arrêtent pas aux frontières et doivent être gérées de manière globale. Mon budget est d’ailleurs le seul qui n’a pas diminué car la menace augmente, comme par exemple la menace d’une guerre nucléaire brandie par Vladimir Poutine. Cela passe par exemple par le stockage de médicaments spécifiques ».
Hadja Lahbib travaillera aussi sur les enjeux liés à l’égalité des genres. « J’ai traversé beaucoup de plafonds de verre car ce plafond existe toujours pour les femmes. La violence à l’encontre des femmes existe toujours et le plafond de verre écarte les compétences des femmes. Nous avons mis un arsenal législatif en route pour renforcer l’égalité. Je travaillerai notamment sur l’égalité salariale et l’équilibre vie privée vie professionnelle. Des directives doivent être transposées dans les deux ans et mon rôle sera de travailler avec les associations de terrain pour qu’elles se concrétisent. En ce qui concerne les personnes LGBTQI+, il y a des compétences européennes et nationales. Je devrai fédérer les compétences nationales pour que les droits fondamentaux inscrits dans les traités soient respectées ».
Lundi, Hadja Lahbib quittera donc le gouvernement belge. Elle gardera un œil attentif sur la politique belge. « Mais à partir de lundi, je serai pleinement commissaire. Je me dois alors de maintenir une certaine neutralité vis-à-vis de la Belgique », conclut-elle.
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