Il y a 30 ans, en 1995, la Conférence de Pékin sur les droits des femmes a marqué un tournant majeur en établissant une feuille de route mondiale pour l’égalité femmes-hommes. Trois décennies plus tard, cette égalité reste incomplète. En Europe et en Belgique, plusieurs domaines clés nécessitent encore des avancées significatives.
Dans le monde une femme sur trois sera victime de violence au cours de sa vie.
Selon l’Agence Européenne des droits fondamentaux, en Europe une femme sur trois a subi des violences chez elle, au travail ou dans l’espace public. Comparativement aux femmes plus âgées, les jeunes femmes déclarent avoir subi des niveaux plus élevés de harcèlement sexuel au travail et d’autres formes de violence. Toutefois les violences à l’égard des femmes restent souvent invisibles et très peu de femmes portent plainte.
Le développement des réseaux sociaux a conduit à une explosion des cyberviolences contre les femmes, en particulier les personnalités publiques, journalistes et politiques. Et la Belgique est une plaque tournante de la traite des femmes à des fins d’exploitation sexuelle, notamment et principalement pour les femmes migrantes et réfugiées.
L’avortement reste criminalisé dans le Code pénal bien qu’il soit autorisé jusqu’à 12 semaines, alors que la France vient d’inscrire l’IVG dans sa Constitution pour la célébration des 50 ans de la loi Veil. Le MR a toujours défendu la liberté des femmes de disposer de leur corps et nous continuerons à lutter non seulement contre toute remise en cause de ce droit, mais pour le renforcer.
La pauvreté a toujours un visage féminin chez nous, car les femmes sont plus nombreuses à occuper des emplois précaires et à travailler à temps partiel (32% des femmes contre 8% des hommes en Belgique). Les métiers dits “féminins” (santé, éducation, services à la personne) restent moins rémunérés et peu valorisés. Ce qui creuse évidemment aussi l’écart de pension, même s’il se réduit un peu, progressivement.
Les femmes sont encore sous-représentées dans les postes de direction et conseils d’administration : seulement 30% des postes de leadership dans les entreprises européennes sont occupés par des femmes. En politique, alors que les femmes représentent la moitié de la population elles restent une minorité politique. Il faut agir pour corriger ces situations.
Une solidarité nécessaire avec les femmes du monde entier
Si nous pouvons constater des progrès réalisés en Belgique et en Europe, la montée des extrémismes, extrême droite et islamisme, doit nous alerter : ils font reculer les droits des femmes partout où ils se développent.
Les femmes afghanes et iraniennes font face à des violations graves et systématiques de leurs droits fondamentaux. Depuis la prise de pouvoir des talibans en Afghanistan en 2021 et la répression des manifestations en Iran suite à la mort de Mahsa Amini en 2022, leur situation s’est gravement détériorée. L’apartheid sexuel ou de genre a réduit les libertés des femmes au point de les emmurer dans un silence assourdissant et de les effacer de la vie en société afghane. Il faut maintenir la pression diplomatique contre les dirigeants iraniens et talibans responsables des répressions. Il faut reconnaitre l’apartheid sexuel ou de genre .
Dans les zones de conflits, les viols et violences sexuelles sont utilisées comme arme de guerre. En République démocratique du Congo, les chiffres sont effroyables : selon l’ONU, plus de 50 000 femmes y ont été victimes de viols 1998. En Ukraine, au Soudan et en Israël le 7 octobre des femmes ont été et sont victimes de viols utilisés comme armes de guerre. Les survivantes yézidies de Daech, portent encore les stigmates des viols et violences extrêmes qu’elles ont endurées.
En 2000, l’ONU adoptait la Résolution 1325 sur « Femmes, Paix et Sécurité », reconnaissant pour la première fois le rôle crucial des femmes dans la prévention et la résolution des conflits. Pourtant, un quart de siècle plus tard, elles restent largement exclues des négociations de paix, alors qu’elles sont le ciment des communautés et les premières touchées par la guerre. Sur 1 500 accords de paix signés depuis 1990, seuls 25% mentionnent les droits des femmes. Or les femmes ne sont pas seulement des victimes de guerre, elles sont des actrices clés de la paix. Il est temps de leur donner la place qu’elles méritent. Les accords de paix négociés avec des femmes durent plus longtemps : ils ont 35% de chances en plus de durer au moins 15 ans.
En tant que libérales, nous affirmons avec force notre engagement pour les droits des femmes, en Belgique et dans le monde.
La liberté, l’égalité et la dignité ne sont pas négociables.
C’est en défendant ces valeurs que nous construirons une société plus juste, où chaque femme pourra pleinement s’épanouir.
Par Viviane Teitelbaum, Sénatrice et Loubna Azgoud, Députée bruxelloise