À la suite des travaux de la Taskforce agroalimentaire, le SPF Economie publie de nouveaux indicateurs pour suivre l’évolution de la rentabilité et des coûts de production des éleveurs bovins et porcins. Un pas vers davantage de transparence au sein de la chaîne alimentaire. Des indicateurs portant sur d’autres activités agricoles vont suivre dans le courant de l’année.
Les crises successives – pandémie de Covid-19, inflation post-Covid et conflit en Ukraine – ont mis en lumière les vulnérabilités du secteur agricole en Belgique, et en Europe. En 2024, une vague de protestations agricoles a rappelé les défis majeurs auxquels les agriculteurs sont confrontés. Pour répondre à ces préoccupations, une Taskforce agroalimentaire a été créée au niveau fédéral. Dans le cadre de cette Taskforce, un groupe de travail « Transparence » a été initié, regroupant des experts et des représentants des différents maillons des filières agricoles.
L’objectif de ce groupe de travail est de développer des indicateurs objectivant l’évolution des revenus et des coûts de production agricoles. Ces outils doivent aider les différentes parties prenantes dans leurs négociations commerciales et dans l’application de la nouvelle loi sur les pratiques commerciales déloyales (loi UTP), qui interdit l’achat à un prix inférieur aux coûts de production (sauf accord clair et dépourvu d’ambiguïté).
Le SPF Economie vient de publier les premiers indicateurs portant sur les activités de la viande bovine et de la viande porcine. Outre un indicateur structurel mesurant la rentabilité sur le long terme sur la base des données des réseaux comptables régionaux, un indicateur mensuel est également développé pour estimer l’impact des évolutions récentes des différents coûts de production sur la rentabilité de l’activité.
Faible rentabilité du bovin, reprise instable du porcin
Les résultats publiés témoignent d’une faible rentabilité structurelle de ces deux activités.
Pour l’engraissement de bovins, la situation est délicate depuis plusieurs années : les revenus couvrent à peine les coûts de production, mais ne permettent pas de rémunérer la main-d’œuvre familiale.
En ce qui concerne la viande porcine, une amélioration de la rentabilité a été observée en 2023 après deux années difficiles. Cette tendance s’est poursuivie en 2024, bien que la rentabilité ait légèrement diminué au cours derniers mois de l’année à la suite d’une diminution des revenus. Actuellement, les revenus des trois types d’exploitations porcines couvrent l’ensemble des coûts de production, y compris la main-d’œuvre familiale.
Il est cependant important de noter que ces résultats reflètent une moyenne, et peuvent donc cacher de fortes différences entre les exploitations d’une même activité.
Le groupe de travail se penchera dans les prochains mois sur le développement d’indicateurs relatifs à d’autres activités agricoles, en fonction des priorités des filières.
David Clarinval, ministre de l’Agriculture : « Nous l’avions annoncé lors des manifestations agricoles, nous l’avons fait ! La mise en place des indicateurs agricoles est désormais une réalité et apporte des réponses structurelles et durables, tant attendues par le secteur. Les premiers résultats nous rappellent, s’il en était besoin, que la situation des agriculteurs est fragile et il est crucial de soutenir l’ensemble du secteur. Assurer une communication claire des coûts de production est un pas essentiel vers une plus grande équité pour les agriculteurs. Ils doivent pouvoir compter sur des prix justes pour leur travail. Cette démarche est fondamentale pour garantir la rentabilité et la durabilité des exploitations agricoles en Belgique. Sur base de ces indicateurs, les agriculteurs seront mieux armés pour négocier des prix rémunérateurs pour leur travail. »
https://economie.fgov.be/fr/themes/analyses-et-etudes/rentabilite-agricole